Ce weekend, je me suis pris une belle “gamelle” à moto. Eh bien, curieusement, ça m’a fait plaisir d’avoir mal pendant les jours qui ont suivi. Oui, je sais, ça a l’air bizarre dit comme ça, mais en fait, il y a une vraie raison là-derrière. Enfin, je crois…

Les lectrices et les lecteurs les plus assidus de ce blog savent sans doute déjà que je me suis (re)mis à la moto pendant la première année de mon cancer. Une amie médecin, inquiète de me voir obnubilé par la maladie, m’avait conseillé de me trouver un projet, un truc sympa à faire, qui me fasse plaisir et qui soit atteignable mais pas directement à ma portée. Son idée? Me mettre autre chose en tête que la maladie, quelque chose dont je puisse me réjouir. Je l’ai prise au mot. Cela dit, je ne pense pas qu’elle avait la moto en tête. Moi oui, ça m’est revenu comme une évidence. J’avais abandonné les deux-roues motorisé après un grave accident à 16 ans – je roulais sur une Yamaha DT, vous savez, ces petites motos de 50cc avec une boîte de vitesse comme les grandes. Ca m’avait un peu échaudé, parce que l’accident m’a rendu infirme (j’ai de solides problèmes au genou droit). Il y a quelques années, je me suis remis au deux-roues en Afrique, et ça m’avait bien plu. Du coup, je m’étais acheté un scooter 125 cc à mon retour en Belgique, mais je n’avais pas franchi le pas ultime: passer le permis moto. 

Paf le motard

Fast forward, comme on dit dans les scénarios de séries Netflix. Me voilà donc ce samedi sur les petites routes de la campagne wallonne, quelque part entre Eghezée et Huy, avec quelques amis motards. Il fait froid – on a tous les pieds gelés – le soleil ne perce pas la couche de nuages, mais bon, on s’amuse bien sur ces petites routes sinueuses. Le parcours est malgré tout un peu “technique” car une boue grasse s’est invitée au-dessus du revêtement, et il faut faire très attention où nous mettons les roues. À un moment, nous tournons à gauche. Je suis tranquillement le pote qui ouvre la route, et, tout au calcul de ma trajectoire, je ne repère pas une mini-plaque de boue juste avant le carrefour. Ca ne rate pas. Ma roue avant veut aller à gauche, la moto, poussée par son inertie, veut aller tout droit, et la plaque de boue lui donne un coup de main. Bardaf, me voilà au sol. La moto se désolidarise assez vite (l’ingrate) et décrit un fort joli cercle pendant que je la suis en lente glissade. Tout ça ne dure pas très longtemps. Fort heureusement, nous n’allions pas très vite, c’est l’avantage des petites routes de rase campagne. Je m’assieds, un peu interloqué, pendant que mes amis relèvent ma moto. Plus de peur que de mal, et pas trop de dégâts matériels. Je me remets en selle et nous poursuivons notre route. 

Les lendemains qui (dé)chantent

Évidemment, le lendemain matin, mon genou me signale que, quand même, j’ai un peu déconné. On peut le comprendre, le pauvre: il a été le premier à toucher le sol, et a généreusement amorti la chute des 200 kilos de métal que je chevauchais gaiement. Circonstance aggravante, c’est celui que j’avais déjà bousillé il y a 30 ans. Il y a des jours, comme ça 🙂

Me voilà donc à claudiquer péniblement à travers la maison, et à maudire cette bête chute. Et là, je réalise qu’en fait, je râle pour la forme et qu’en réalité je suis content de cette mésaventure. Pour une raison toute bête: pour la première fois depuis trois ans, je me plains pour autre chose que pour cette saloperie de cancer. J’ai un bobo normal de mec normal (si tant est qu’un motard est un mec normal). Je peux râler et me plaindre pour un truc totalement bénin. Et même me dire que c’est de ma faute, parce que j’aurais dû voir cette bête plaque de boue. 

 

Un peu de légèreté

Cette chute malencontreuse m’aura aussi permis, chère lectrice, cher lecteur, de t’offrir un article un peu plus léger que d’habitude. Si comme moi tu te débats contre un crabe, quel qu’il soit, rappelle-toi un autre conseil que j’avais donné à l’époque sur ce blog: reste actif, dans la mesure de tes capacités. Je ne vais pas aller jusqu’à te souhaiter de te blesser, ce ne serait tout de même pas très charitable. Mais si ça t’arrive – ou si ça t’est arrivé – je serais curieux d’avoir ton opinion. T’es tu toi aussi réjoui(e) d’avoir mal?