Alors que les chimiothérapies ont repris et que, épuisement aidant, le moral baisse, je mûrissais depuis quelques jours l’idée d’un post sur mes propres difficultés. L’extraordinaire élan de soutien qui m’entoure, tant de la part de proches que de simples connaissances, m’amène à tourner les choses autrement.

Alors oui, mon corps à peine remis de deux opérations chirurgiales très lourdes (une au foie et une au côlon), j’ai recommencé les chimiothérapies. Le nouveau protocole est plus lourd que le précédent, car il implique l’injection de produits directement dans mon foie (pour éviter le retour des métastases). Du coup, je dois à chaque fois passer la nuit à l’hôpital sous surveillance, car des douleurs assez intenses surviennent pendant la nuit – le genre qui requiert des antidouleurs de combat. Outre cette nuit croquignolesque, la fatigue qui suit chaque séance est elle aussi conséquente , et, il faut bien l’admettre, ça pèse sur le moral. Je me réconforte en me disant qu’avec une chimio derrière moi, ça ne m’en laisse « plus que » sept, mais ça requiert quand même une fameuse dose de méthode Coué. Mais ce n’est pas de ça que je voulais parler aujourd’hui.

Merci Virginie!

Déjà, et avant tout, je voulais profiter de l’occasion pour remercier publiquement ma compagne, qui me soutient depuis le début de ce parcours. Son énergie, sa gentillesse, sa bonne humeur et sa capacité à accepter et à gérer mes inévitables sautes d’humeur et coups de mou sont proprement étonnantes. Sans elle, ce combat serait beaucoup plus dur à mener, ça ne fait aucun doute. Mes parents et ma famille proche sont eux aussi un précieux soutien, et eux aussi supportent avec abnégation mes inévitables coups de gueule et moments de mauvaise humeur. Mes ami(e)s, anciens et nouveaux sont tous, eux aussi à mes côtés, chacun à leur manière, quand j’ai besoin d’eux, et je ne peux que les remercier de cette amitié dont elles et ils m’honorent.

Les petits bonheurs du quotidien

Ces derniers jours, alors que la déprime me gagnait – il faut bien l’avouer – j’ai aussi reçu de l’énergie de plein d’endroits inattendus. Difficile de ne pas croire qu’il y a là un superbe cadeau de l’univers pour m’aider à tenir le coup. L’amie de toujours qui m’envoie un message en début de semaine pour me dire qu’elle va voir des amis à Lille, et qu’elle prend quelques heures pour faire le détour par Bruxelles pour papoter autour d’un verre; le patron de mon bar à vins favoris qui quitte son comptoir, tire une chaise, s’assied à côté de moi et me demande avec chaleur dans la voix « alors Fred, dis moi, ça va, tu tiens le coup? »; les deux amis qui passent à côté du bar même bar par hasard et viennent prendre l’apéro et des nouvelles de ma santé; mon oncologue qui m’écrit un petit « tenez le coup, hein » à la fin de son dernier email; un ancien étudiant qui, apprenant ma maladie, m’envoie un email pour m’encourager et pour me remercier d’avoir été son prof…

Ne garde pas ta maladie pour toi

Alors ma soeur en cancer, mon frère en cancer, si je retire de cette semaine une leçon que j’aimerais partager avec toi, c’est bien celle-ci: ne garde pas ta maladie secrète. Parles-en autour de toi. Confie-toi aux proches et aux moins proches. Parce que tu vas avoir besoin d’une sacrée dose d’énergie. Et qu’ils vont te la donner. Parce qu’il y a une chose qui reste constante dans l’humanité, c’est cette solidarité qui pousse la vaste majorité des gens à soutenir ceux qui en ont besoin.

Bon weekend à toutes et tous!