Vivre avec le cancer est une longue épreuve, et les moments de découragement sont hélas nombreux. Si tu le peux, essaie de rester actif (ou active), professionnellement et dans ta vie privée. Même si c’est plus vite dit que fait, c’est, à mon sens, un outil indispensable sur le chemin de la guérison.

J’ai bénéficié, si j’ose dire, d’un petit coup de pouce pour me « forcer » à rester actif. Je suis indépendant, et à ce titre, je n’ai pas vraiment le même « luxe » que les salariés, qui jouissent dès leurs premiers jours d’un salaire payé par leur employeur, avant que la mutuelle ne prenne le relais. Les indépendants doivent attendre 15 jours – c’était encore 30 jours il y a peu – pour recevoir un petit quelque chose de la mutuelle. Mais je ne dis pas ça pour me plaindre. Comme je n’avais pas des masses d’argent de côté, et que j’avais aussi le salaire de mon employée à payer, il fallait bien que je reste actif au sein de ma petite agence de communication. En toute franchise, j’ai quand même un peu mis la pédale douce. Je ne remercierai d’ailleurs jamais assez ma super-collaboratrice, qui a fait un boulot remarquable cette année pour pallier mes absences et gérer les clients.

Des raisons de se lever le matin

Quoi qu’il en soit, j’ai vite réalisé qu’avoir un boulot, même si c’est moi le patron, m’a beaucoup aidé. Travailler me donne l’occasion de penser à autre chose qu’à la maladie. De faire des projets, de construire des choses, de faire progresser ma petite entreprise. Evidemment, il a fallu me rendre aux multiples examens, consultations, séances de chimio, petites et grosses interventions chirurgicales. Au pif, je pense que j’ai du passer plus de 30 jours ouvrables à l’hôpital cette année, et ce n’est pas encore fini. La fatigue a aussi joué son rôle: certains matins, je n’ai pu faire autrement que me lever plus tard. Et il m’arrive régulièrement de partir plus tôt qu’avant. Après les chimios, je zappe une ou plusieurs journées parce que la fatigue ou les nausées me terrassent. Mais j’ai un truc auquel me raccrocher. Une raison de me lever le matin. Et ça, c’est un motivateur formidable. Mais ce n’est pas le seul.

Ragoutoutou, le ragoût de mon toutou

Petit clin d’oeil à Pierre Richard au passage. Si tu ne travailles pas, ou plus, je pense que trouver d’autres raisons de te lever n’est pas une mauvaise idée. Je m’en suis rendu compte ces deux dernières semaines. Ma chère et tendre était partie une semaine en vacance avec sa soeur, et je me suis retrouvé à garder son chien (en plus du mien). Son chien qui snobait un peu mon jardin pour ses besoins. Du coup, impératif de me lever (et tôt encore bien) tous les matins pour sa promenade. Je pense honnêtement que ça m’a beaucoup aidé aussi. J’étais dans un passage à vide énorme suite aux effets secondaires plus sérieux que d’habitude de la chimio, et j’aurais bien juste passé mes journées au lit. Ces promenades obligatoires (matin et soir) m’ont forcé à rester actif, et m’ont même fait du bien (je me sentais nettement mieux après, même si ça me fatiguait beaucoup).

Activités sociales

Je ne suis pas le seul à réaliser les bienfaits des promenades, d’ailleurs. Un de mes amis souffre également d’un cancer, diagnostiqué il y a quelques semaines. Plus âgé que moi, il est déjà à la pension. Malgré la fatigue due au traitement – une radiothérapie – il continue autant que possible ses activités: il fait baby-sitter pour son petit-fils, il pratique régulièrement la marche nordique, bref, il bouge et il se bouge. Il continue aussi à participer aux activités de notre petit groupe d’amis. Et même s’il avait l’air fatigué la dernière fois qu’on s’y est vus, il m’a confié au téléphone quelques jours plus tard que ça lui avait fait un bien fou au moral.

Bouger, éliminer (le cancer)

Bref, si tu souffres d’un cancer, essaie de rester actif envers et contre tout. Ce ne sera pas toujours possible – la maladie ou les traitements ne sont pas tendre – mais fais-le à chaque fois que tu peux. Et si tu es comme moi, essaie de te trouver des obligations. Ce qui est génial avec les obligations, c’est que… ce sont des obligations! Et donc les respecter n’est pas qu’une question de discipline personnelle. Il y a une contrainte qui peut agir quand la motivation n’y est pas ou plus. La maladie est là, tu dois la subir, et encaisser les traitements. Mais il te reste un choix, et c’est le plus important: celui de refuser que la maladie ou les traitement te dictent ta vie, et de continuer autant que possible à vivre!