Je pense qu’il y a un truc pire qu’avoir un cancer. C’est que quelqu’un qu’on aime en soit atteint. Il n’y a rien de pire que ce sentiment d’impuissance devant la peur et la détresse de quelqu’un à qui on tient. Mais que faire, concrètement? Tentative de réponse.
Chère ou cher proche de cancéreux, ce post s’adresse à toi en priorité. Mais mes soeurs et frères en cancer y trouveront peut-être les mots qui leur permettront d’expliquer à leurs amis et leur famille ce dont ils ont besoin. Naturellement, je me base sur ma propre expérience, mais je pense qu’elle est suffisamment universelle pour compter.
Arrête de lui dire qu’il (elle) est fort(e)!
De deux choses l’une: soit la personne atteinte du cancer n’est pas super forte, et en lui disant ça tu vas juste la décourager ou la déprimer. Soit elle est vraiment forte, et dans ce cas elle en a conscience et elle n’a pas besoin que tu le lui répètes.
Par contre, ce dont cette personne a besoin, c’est d’autre chose: une épaule sur laquelle s’appuyer, sur laquelle pleurer quand ça ne va pas, qui va accepter ça sans jugement et sans essayer « d’arranger les choses ». Voilà ce que j’ai écrit à mes amis un jour de déprime où j’ai trop entendu « mais tu est fort, tu vas t’en sortir » et autres « non, tu ne dois pas déprimer, bats-toi ».
Je vous le dis avec sans gants et sans précautions, mais je préfère vous le dire sans filtre.
Je sais que j’ai du courage, je sais que j’ai de la volonté, je sais que je suis un battant. Je n’ai pas besoin de « pep-talk » ou de speech de motivation.Ce que je ne savais pas, c’est que je peux aussi à certain moments être inquiet, effrayé, voire terrorisé. Parfois, j’ai l’impression d’être englué dans une toile, où, tapie dans un coin, une énorme araignée m’observe. J’ai peur. J’ai l’impression que je vais perdre courage, que je vais perdre la bataille, que je ne vais pas y arriver. J’ai peur de ne pas être fort. J’ai peur de mourir. J’ai peur de souffrir, et de vous faire souffrir par ricochet.
Ce dont j’ai besoin, ce n’est pas que vous me rappeliez ma force. Par-dessus tout, j’ai besoin que vous acceptiez ma faiblesse, mes accès de désespoir, mes moments de vulnérabilité. Quand je vous avoue, souvent en aparté, que j’ai l’impression que je ne vais pas y arriver, que je me sens impuissant, désarmé, faible, apeuré, je n’ai pas besoin d’entendre que je suis fort. J’ai besoin d’entendre que vous comprenez ma peur, que vous avez peur aussi, mais que vous êtes près de moi et que vous m’aimez. Parce que ma force intérieure se nourrit de votre amour, pas de vos projections sur ce que vous croyez que je suis. Aimez-moi, soutenez-moi, pleurez avec moi si vous voulez. Mais ne me dites pas que je suis fort et que je vais y arriver. Parce que si c’était aussi simple que ça, je n’aurais pas besoin de votre aide.
Soyez là, tout simplement!
Dites à votre proche que vous comprenez, qu’on ne peut pas tout le temps être au top, que c’est normal d’avoir peur, de se sentir découragé, d’avoir envie de baisser les bras. Et que l’important, c’est de l’accepter. Acceptez votre propre impuissance, et contentez-vous de ce que pouvez faire: être là quand il ou elle a besoin de vous. Parfois, ce sera pour lui remonter le moral. Parfois pour lui changer les idées. Et parfois, juste pour l’écouter. Une oreille attentive est le plus beau cadeau que vous pourrez lui faire.